
Cependant là aussi il faudrait nuancer puisque même les établissements publics ne sont pas exempts de marchandages mercantiles sous des formes variées ,et certains lycées du public n'échappent malheureusement pas à ce genre de pratiques dont bénéficient les plus entreprenant(e)s des élèves ,d'autant plus que certaines matières ,sanctionnées par le contrôle continu, sont laissées au seul jugement des enseignants ,dont certains sont loin d'être des anges et peuvent être sujets à certaines tentations .
Il faut dire qu'en tant que vieil enseignant je suis blasé des parents d'élèves qui ne vous saluent que lorsque l'un de leurs rejetons suit des cours dans votre classe .Ceux là vous arrêtent carrément dans la rue et vous demandent de "serrer" leur fils ou leur fille c'est à dire de les bien suivre ,mais en fait le message implicite est de vous faire savoir qu'untel est leur fils et qu'il vous supplie ,derrière le ton catégorique ,de lui rajouter quelques points. J'ai pris aussi l'habitude de ne jamais accorder aucune importance à ces exhortations masquées de sévérité ,contraires au principe d'égalité des chances et pensant toujours à ceux qui n'ont pas de parents du tout ,ou à ceux dont les parents ne me connaissent pas ,ou encore n'osent pas par fierté de s'abaisser jusqu'à quémander l'aumône des notes .Je me libère donc jusqu'au jour d'aujourd'hui de ces étreintes faussement fraternelles par des "mrehba" diplomatiques sans lendemain,fidèle à l'hypocrisie sociale qui règne ,me consolant du fait qu'au moins cette hypocrisie ne porte en rien atteinte à personne ,bien au contraire .
Cette année ,et comme bien d'autres notre établissement connait des pratiques peu orthodoxes ,cependant ,elles n'ont jamais autant attiré mon attention ,vu leur acuité et la sensibilité de la question dans un nouveau contexte où le gouvernement montre une certaine volonté de rompre avec l'injustice sous toutes ses formes ,surtout que le timonier du gouvernement est issu d'un parti dont la raison sociale est justement la justice .les élèves aussi ,encouragés par le vent du changement ne se limitent plus à grogner dans les escaliers leur colère contre untel ou untel qui donnerait des notes exagérées aux élèves de sexe féminin,sûrement pas "à l'aveuglette",du moment qu'il voyait bien ce qu'il notait.
Les choses ne peuvent plus être tues ,du moment qu'il ne s'agit plus de cas isolés ,pouvant somme toute trouver leur place dans les statistiques comme des erreurs admissibles .A ce propos toute une classe du second cycle ,dans une branche considérée comme regroupant l'élite du lycée a reçu des notes inadmissibles et défiant la courbe de Gauss et toutes les théories pédagogiques reconnaissant la disparité des compétences des élèves ,carrément des 19 et des 20 pour tout le monde,et vive l'école publique qui n'a plus rien envier au privé! Ainsi l'injustice ne peut pas être due seulement au sexisme ,mais aussi à certaines considérations "militantes" légitimant le boostage des notes par ...justement la dépravation du secteur privé dont parlait le ministre ,et nous voilà dans un cercle ,qu'il suffirait de caresser pour qu'il devienne vicieux.
Les enseignants "gonfleurs" affirment que notre région est très défavorisée déjà et que les élèves des villes (par ouï-dire) sont gavés de notes pour des efforts quasiment nuls et qu'il faudrait militer de cette sorte pour que nos élèves puissent avoir leur chance dans les hautes écoles et les instituts .
Cependant ,on pourrait avec une certaine mauvaise foi ,admettre leurs arguties ,si elles étaient nées d'un sens patriotique réel ,ce qui est rarement le cas . .Et puis de toutes les façons ceux qui pensent ainsi ne militent que par paresse et mauvaise volonté pour satisfaire leurs connaissances familiales ,tribales ,racistes,ou pire encore ...
Ce qui me gêne dans les encoignures c'est l'incompatibilité totale entre un discours tenu par les enseignants où il est question de la baisse du niveau dont on se plaint à qui veut nous entendre et de l'autre côté les notes élevées accordées aux élèves dans leurs bulletins .Une schyzophrénie latente chez ce corps enseignant qui ne sait sur quel pied danser :décrier la baisse du niveau ou aider ces "pauvres" élèves à se faire une place au soleil même avec des notes exagérément gonflées .C'est comme si à la dernière minute la conscience professionnelle est anesthésiée au profit de relations plus terre-à-terre ,de connaissances ,de clientélisme et autres ...
Qu'allons nous donc attendre d'un cadre qui aurait obtenu son diplôme par des raccourcis peu avouables ?Il est certain que s'il était vraiment compétent il n'aurait jamais tenté de faire appel à tant de subterfuges pour obtenir une bonne note .J'ai l'habitude de dire à mes élèves ,à titre d'exemple qu'en donnant une note non méritée je risquais moi-même de me retrouver devant cet élève incompétent que j'aurais "poussé" pour devenir médecin ,et qu'étant donné son incompétence il pourrait un jour m'enlever le poumon sain au lieu du poumon malade nécrosé par tant de nicotine ingurgitée à cogiter sur ce problème.
La situation est d'autant plus grave que des classes entières se plaignent de ne jamais avoir profité de séances en certaines matières ,dont justement la matière incriminée dans ces notes abusives.Certains élèves avouent que les fois où ils ont vu leur moniteur ,il s'est limité à leur donner le ballon et à faire des tours de terrain en petite foulée ,histoire de montrer son endurance ,oubliant qu'il était là pour entraîner et non pour s’entraîner seul.
La situation ne serait pas tellement critique si certains de ces éducateurs n'utilisaient pas la pompe réservée aux ballons pour gonfler les notes de leurs ouailles.
Bien sûr que le gonflage des notes touche à peu près toutes les matières ,mais ce sont les exactions abusives de certains moniteurs de sport qui sont décriés le plus par les élèves et l'administration a déjà reçu des plaintes dans ce sens comme l'a affirmé ce matin le chef de l'établissement qui avouait aussi qu'il ne pouvait rien contre ce phénomène ,alors à qui ces élèves vont-ils se plaindre? L'association de leurs parents est loin d'être sensible à ce problème si l'on se fie à son manque de réaction évident .Une plainte collective avec des signatures ne fait pas l'unanimité chez les élèves,de crainte des représailles des enseignants concernés en fin d'année. La situation est d'une importance cruciale pour la continuité normale du cursus estudiantin ,et la vue des élèves dégoûtés ,parfois pleurant de ces injustices répétées devrait inciter les responsables à réagir pour remettre les choses dans le bon sens ,pour le bien de tous .
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire