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jeudi 22 mars 2012

N'est-ce point l'heure que l'injustice décline ?

Le philosophe britannique Edmond Brook a dit une fois lors de ses célèbres interventions au parlement de son pays :"Il est advenu un incident dont il est difficile de parler et qu'il est impossible de taire ". Cette sentence s'applique à l'initiative de la publication de la liste des bénéficiaires des agréments .
Une nouvelle qui met en exergue une situation d'improbité et d'injustice de grande ampleur et qu'il est impossible de passer sous silence .Il serait indigne de garder le silence et de ne pas parler de ce sujet ,d'autant plus que cette initiative est la première en son genre où où un gouvernement marocain,et ce depuis le gouvernement de feu Abdallah Ibrahim,décide d'affronter profondément les problèmes ;alors que les gouvernements qui se sont succédé dans la gestion des affaires publiques ont limité leur champs d'intervention à des supervisions et et au lancement de quelques réformes immatures .
En publiant la liste des bénéficiaires des agréments ,M.Aziz Rebbah,ministre de l'équipement et des transports aurait mis le doigt sur la plaie de la société marocaine .Il a également mis sous microscope ,peut être sans penser à cela et sans le vouloir,les fondements du système marocain."Le voile de l'ignorance ",qui voilait la vérité à l'opinion publique a été levé et il est devenu évident qu'éclate la vérité totale sur le agréments .L’État se présentait sous l'image de l'omnipotent actif et distributeurs des privilèges ;l’État avait beaucoup à promettre et autant à donner ;il empruntait mille chemins pour  influencer le déroulement général des affaires et  maîtriser le destin des familles et la vie privée des individus .Il était quasiment impossible de développer des affaires ou d’œuvrer à réaliser des ambitions sans sans en rendre compte à cet État ,de peur de sa vengeance en premier lieu et dans l'espoir de bénéficier de son patronage et de ses grâces en second lieu.M.Driss Basri ,l'ex-ministre de l'intérieur n'avait-il pas déclaré:"l’État au Maroc est un mécène (reste à savoir au profit de qui?) pour la  société ". 
Partant de là le makhzen est devenu "le protecteur"des potentats ,des notables et des serviteurs désireux de bénéficier des occasions que permet le système politique et social marocain pour escalader les marches de l'échelle sociale .Et puisque le désir de s'enrichir à n'importe quel prix et la concurrence dans l' amassage des fortunes préoccupent la plupart et en aveuglent certains ,le makhzen a transformé ces privilèges en autant de motivations pour qui les estime à leur juste mesure et se mortifie à son service .
Dans une telle situation le rapprochement de l'autorité et la jouissance de sa bénédiction est traduit sur le terrain par l'obtention de privilèges de toutes sortes ...c'était semblable à une ruée vers l'or.
Même les partis politiques qui se disent progressistes ont toujours fermé l’œil sur ce qui se déroulait devant eux et ont choisi le silence pour servir certains de leurs leaders .Tout cela ressemblait à ce que l'économiste Galbreid décrivait dans sa célèbre formule :"les pauvres et les misérables gardent souvent un silence qui profite à tout le monde ".
Dans une pareille situation la distribution des agréments est devenu un signe distinctif dans le système marocain,et s'est transformée rapidement en un phénomène qui a marqué l'espace socioéconomique du pays ...un pays regroupant deux catégories d'habitants la première ,se considérant reine du pays et possédant des fortunes énormes et ayant bénéficié de nombreux privilèges,tandis que la seconde catégorie est classée dans la rubrique des serviteurs obligés de se nourrir des miettes chues de la  table des seigneurs .Cette dualité,étroitement liée à l'économie du lucre a engendré le système des privilèges et a contribué à l'instituer dans la réalité marocaine .Une réalité dans laquelle les concepts d'égalité ,de probité de justice et des droits sont devenus des slogans servant à embellir les discours et les déclarations .
L'initiative du ministre de l'équipement et des transports aura des répercussions très favorables sur l'avenir économique et social dans le cas où elle serait menée à terme .Le défi est est immense car elle met en question les fondements d'un système en entier .De même que les bénéficiaires du statu quo se barricadent derrière leurs privilèges et leur domination économique .D'ailleurs un observateur de la situation économique nationale les a comparés à des "loups traçant par leur urine les limites de leur territoire et mordant tous ceux qui prétendraient les enfreindre ". En vérité ,nous devons reconnaître que cette situation est l'un des facteurs qui sèment a frustration chez de larges catégories de la population.C'est une grande injustice qu'il faut réparer d'urgence ,voilà ce qui est attendu du gouvernement actuel avec ses différentes composantes ,et notamment le PJD.Il ne s'agit point d'asseoir les bases d'une nouvelle situation idéale mais d’œuvrer au moins à résorber les aspects de l'injustice et de l'iniquité  dans la société ,et en premier lieu l'octroi des agréments .Informer l'opinion publique actuellement est un acte très important pour une société habituée à la soumission à la tutelle de l’État, tout en en veillant à renforcer de vraies oppositions de manière à ce qu'elles soient capables d'imposer  de nouvelles règles du jeu ,mais aussi à rendre les mécanismes d'inspection plus efficients et instaurer la transparence dans le domaine de la gestion des affaires publiques.Partant de là le grand défi du Maroc ne réside pas seulement dans le remplacement d'un système autoritaire par un autre démocratique mais dans la nécessité d' opérationaliser cette démocratie et la rendre palpable  à monsieur tout le monde.Cela présuppose que les gouvernants soient totalement disposés à dévoiler toutes leurs cartes à la société et à œuvrer ensemble avec elle pour réussir ce challenge,c'est probablement ce que vient d'inaugurer le ministre de l'équipement et des transports en publiant la liste des bénéficiaires des agréments .Continuons sur le même chemin ,car nous en sommes seulement au début .
Texte de Driss Benali,paru en Arabe dans le quotidien "Al massae" du 17/18-03-2012 et traduit par Aziz Boufous.

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